Véronique Rouleau, doctorante en sciences forestières sous la direction d’ Evelyne Thiffault, a eu l’opportunité de participer à la conférence de la « Canadian Society of Soil Science Conference 2024: Soil Functions for Future Generations », tenue du 9 au 13 juin 2024 à l’Université de la Colombie-Britannique (Canada). La Société canadienne de la science du sol, une organisation non gouvernementale et à but non lucratif, rassemble des scientifiques, ingénieurs, technologues, administrateurs et étudiants professionnels dans le domaine de la science du sol. Son objectif est de promouvoir le développement de cette science au Canada et de garantir sa pertinence pour les générations futures.
Le thème de la conférence 2024, « Les fonctions du sol pour les générations futures », invite les pédologues à réfléchir aux moyens de préserver cette ressource vitale et à assurer la continuité des multiples fonctions du sol dans un avenir durable.
Lors de cet événement, Véronique a présenté ses recherches intitulées « Unravelling the role of fungal community composition on soil carbon dynamics in a managed boreal forest ». Son projet vise à évaluer l’impact des pratiques de récolte forestière au Québec sur les stocks et la stabilité du carbone dans les sols forestiers boréaux, en particulier la protection du carbone contre la décomposition microbienne. Elle cherche également à identifier les cohortes de microorganismes associées à la stabilisation à long terme du carbone et à déterminer si les pratiques d’exploitation forestière influencent ces communautés.
Le programme d’aide à la mobilité étudiante du CRMR a été essentiel, offrant un soutien financier qui a permis à Véronique de participer à cette expérience enrichissante. Grâce à ce financement, elle a pu représenter fièrement son institution tout en contribuant à l’avancement des connaissances dans son domaine.
Félicitations à Véronique pour cette réussite remarquable ! Nous lui souhaitons un succès continu dans la poursuite de sa carrière académique et professionnelle,
Résumé : Décryptage du rôle de la composition de la communauté fongique sur la dynamique du carbone dans une forêt boréale aménagée.
Le maintien ou l’augmentation de la capacité des forêts boréales aménagées à stocker le carbone (C) des sols pourrait jouer un rôle crucial dans l’atténuation du changement climatique. Les micro-organismes, notamment les fongiques, sont des acteurs clés dans l’accumulation et la stabilisation du carbone dans le sol. Cependant, les groupes taxonomiques et les fonctions microbiennes qui soutiennent ces processus, ainsi que leur réponse aux pratiques forestières, restent mal compris. Dans cette étude, nous avons évalué les effets de l’intensité de l’exploitation forestière sur la composition des communautés microbiennes en utilisant le séquençage à haut débit de la région ITS2 fongique à partir de l’ADN du sol dans une forêt humide de sapins baumiers de l’est du Canada. Nous avons comparé les effets de la coupe à blanc et de la récolte partielle, 6 à 9 ans après l’exploitation, par rapport à un site témoin (sans récolte) sur la composition des communautés fongiques dans les horizons FH et minéraux. Nous avons également exploré les liens entre les guildes fongiques fonctionnelles, les stocks de carbone du sol, la matière organique particulaire et la matière organique associée aux minéraux, ainsi que les variables explicatives associées.
Nos résultats montrent que la diversité des communautés fongiques, mesurée par l’indice de Shannon, était plus élevée dans les coupes à blanc comparativement aux coupes partielles et aux peuplements témoins. De plus, la composition des communautés fongiques dans les coupes partielles et les peuplements témoins était similaire, mais différait significativement de celle observée dans les coupes à blanc.
Les coupes à blanc étaient largement dominées par des saprotrophes, tandis que les coupes partielles et les peuplements témoins étaient dominés par des champignons ectomycorhiziens. Le faible niveau de perturbation dans les coupes partielles semble préserver le potentiel fonctionnel des communautés fongiques en ce qui concerne les processus d’accumulation et de perte de carbone dans l’horizon FH, contrairement aux coupes à blanc, où ce potentiel a été significativement altéré. Nous discutons également du rôle des différentes guildes fongiques fonctionnelles, notamment en relation avec leur production d’enzymes oxydatives, leur mode trophique, leurs caractéristiques mycéliennes et/ou leur phylogénie, dans l’accumulation et la stabilisation du carbone dans les sols des forêts boréales aménagées.