Le Comité consultatif sur les changements climatiques a déposé, le 11 novembre 2025, son avis Définir l’ambition climatique du Québec: cibles et trajectoires de décarbonation, à la demande du gouvernement, en vue de la révision quinquennale de la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). La professeure Evelyne Thiffault, du Département des sciences du bois et de la forêt, est coautrice de cet avis.
Préparé à la demande du ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, cet avis propose un cadre scientifique pour guider la décarbonation complète du Québec et formule 11 recommandations, regroupées en cinq axes :
Cet avis constitue un outil essentiel pour orienter le Québec vers ses objectifs climatiques et renforcer l’action collective.
Une présentation suivie d’un échange a été organisée pour permettre aux parties prenantes, décideurs et acteurs du milieu de s’approprier l’avis, nourrir le dialogue et faire progresser l’ambition climatique de la société québécoise. Les intervenants, Alain Webster, Évelyne Thiffault et Valériane Champagne-Saint-Arnaud, ont mis en lumière trois chiffres clés illustrant l’enjeu climatique du Québec.
1,5°C : la limite mondiale à ne pas dépasser
Selon l’Accord de Paris, la hausse de la température mondiale doit être limitée à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels pour réduire les impacts sur les écosystèmes et les populations. En 2024, la température moyenne mondiale a déjà atteint 1,55°C au-dessus de ces niveaux. Au Québec, la hausse a été encore plus marquée, avec 3,9°C au-dessus de la moyenne du 20e siècle.
Comme le souligne la professeure Thiffault : « Ce n’est pas une raison pour baisser les bras, mais une occasion de redoubler d’efforts pour l’action climatique.». Le Comité prpose une cible de réduction des émissions de 37,5 à 45 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990.
0 émission nette en 2045 : vers la carboneutralité
Le Comité recommande que le Québec atteigne la carboneutralité d’ici 2045. Cela implique une réduction de 85 % des émissions fossiles par rapport à 1990 et le développement de technologies permettant de capturer et stocker le CO2 résiduel. Cette cible est alignée avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
Intégration de la séquestration du carbone
La professeure Evelyne Thiffault souligne l’importance d’intégrer le secteur des terres et forêts dans la stratégie climatique du Québec. « Aujourd’hui, ce secteur représente une source nette de GES et ne dispose pas encore de cible officielle de réduction, ce qui limite son rôle dans la décarbonation de la province. Il est donc essentiel d’établir des objectifs clairs pour que les forêts, les terres agricoles et les milieux humides contribuent pleinement à la neutralité carbone. »
Elle précise également la nécessité de distinguer les différentes formes de séquestration du carbone. « La séquestration naturelle, par exemple par la croissance des forêts, est temporaire, car le carbone peut être relâché lors de la récolte ou de la décomposition. En revanche, la séquestration géologique, encore en développement, permet de stocker le CO2 de façon permanente. Pour une stratégie climatique efficace, il faut combiner et utiliser ces approches de manière complémentaire ».
Entre 1990 et 2022, le secteur de l’affectation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie (incluant agriculture et forêts) a émis en moyenne 13,7 millions de tonnes de CO₂ équivalent par an. Bien que les forêts québécoises captent du carbone, certaines activités du secteur annulent cet effet. Le Comité recommande que ce secteur devienne également carboneutre d’ici 2045, en améliorant la croissance forestière et en valorisant durablement le bois récolté.
À propos du Comité consultatif sur les changements climatiques
Le Comité est un organisme gouvernemental indépendant et permanent, composé d’experts scientifiques. Il conseille le gouvernement sur les politiques climatiques et favorise l’intégration de la science dans les décisions et actions de la société québécoise. Il compte 9 à 13 membres bénévoles, dont trois professeurs universitaires : Valériane Champagne-Saint-Arnaud (Faculté des sciences de l’administration), Lota Dabio Tamini (Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation) et Evelyne Thiffault (Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique).
Par: Besma Bouslimi