Et si les murs de nos bâtiments étaient fabriqués à partir de terre et de fibres de bois plutôt que de gypse ?
C’est la piste audacieuse explorée par nos membres Pierre Blanchet, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt, et Simon Pepin, stagiaire postdoctoral à l’Université Laval.
Dans une étude publiée dans la revue Construction and Building Materials, les deux chercheurs montrent que des panneaux composés de terre et de fibres de bois peuvent offrir des performances mécaniques, thermiques et acoustiques comparables, voire supérieures, à celles des panneaux de gypse traditionnels. Cette innovation conjugue performance technique et respect de l’environnement, ouvrant la voie à une construction durable plus accessible.

Chaque année, près de 65 millions de mètres carrés de panneaux de gypse sont installés au Québec, l’équivalent d’environ 11 000 terrains de football. Pourtant, malgré leur omniprésence, la majorité de ces panneaux finit en sites d’enfouissement, générant quelque 200 000 tonnes de résidus par an.
Pour leur étude, les chercheurs ont utilisé une matière première locale : la terre du campus de l’Université Laval. Cette terre est préparée, tamisée, puis mélangée à de l’eau, des fibres de bois et une colle naturelle. Le mélange est ensuite moulé entre deux feuilles de papier, selon un procédé similaire à celui de la production industrielle de panneaux de gypse, avant un séchage de cinq jours. Les tests menés sur ces panneaux ont révélé plusieurs avantages : ils bloquent mieux les sons et ont une capacité élevée à emmagasiner l’eau, permettant un meilleur contrôle passif de l’humidité dans un bâtiment. Leur principal point faible concerne le relâchement initial de chaleur en cas de combustion, mais celui-ci pourrait être corrigé par l’ajout de matériaux comme la perlite ou la vermiculite.
Selon les chercheurs, cette innovation ne remplacera pas immédiatement le gypse, mais elle constitue une alternative écologique et performante pour les architectes et professionnels du bâtiment soucieux de réduire l’empreinte environnementale de leurs projets. En utilisant des colles naturelles comme la fécule de maïs, ces panneaux pourraient même devenir entièrement compostables. L’étude a été réalisée au sein du Centre de recherche sur les matériaux renouvelables et du Centre de recherche sur les matériaux avancés, et marque une étape importante dans la transition vers des matériaux de construction durables.
Félicitations à Pierre Blanchet et Simon Pepin pour cette innovation prometteuse qui pourrait transformer l’avenir des matériaux de construction !
Pour en savoir plus, consultez le communiqué de Jean Hamann: Des panneaux en terre plutôt qu’en gypse dans votre maison?
Lire l’article complet de Pierre et Simon : Potential of soil-based boards to replace conventional gypsum plasterboards.
 Découvrez l’entrevue du professeur Pierre Blanchet dans Le Devoir, qui met en lumière une alternative innovante au gypse : Des maisons plus écologiques avec des panneaux en terre plutôt qu’en gypse.
Écoutez l’entrevue dans l’émission « Première heure » sur Radio-Canada: Des panneaux semblables à du gypse faits à partir de terre crue
 Par: Besma Bouslimi